1. |
La Fabrique
03:34
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Je suis allé à la Fabrique pour te chercher
Mon bricolage, ma bucolique, ma p'tite idée
Vénus d'automne psychédélique, inusitée
Toi la bergère métaphorique, la drôle de fée
Je marche et je roule
Je m'éloigne au loin
J'avance dans la foule
D'idées qui me vient
Je suis allé à la Fabrique, pour te trouver
Fébrile, hagard, mélancolique, halluciné
L'allure cinématographique, l‘œil éventré
Le geste lourd, le cœur sismique, décontenancé
Je suis allé à la Fabrique pour me chercher
Un petit coin tragi-comique pour y broyer
Un peu de noir, un peu de brique autour d'un thé
Décontracté, mais presque chic, endimanché
Je suis allé à la Fabrique sans l'avouer
En m'infiltrant comme un moustique, pas invité
Rasant les murs, bourré de tics, déboussolé
Perdu dans ma propre logique, bien déjoué
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2. |
Transatlantique
04:02
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Le tarmac fumant
Une trace dans le ciel
Je m’en vais loin, loin de toi
La fille de l’île
De tes hanches que touchent tes cheveux
Noirs-noirs-noirs
Du sable volcanique, je m’enfuis
J’abandonne le navire
Plonge dans les eaux profondes
La fille de l’île
Je te laisse mes bagages en souvenir
Je pars en équilibre sur un fil
En transit perdu
Lumières sous la pluie
Cette ville est loin, loin de toi
La fille de l’île
De ta bouche qui s’épanche comme un fruit
Rouge-rouge-rouge
De la poussière du vent d’Est, me poursuit
J’aperçois enfin la rive
Danse au creux de l’océan
La fille de l’île
J’ai semé entre nous des kilomètres
Un billet aller simple, sans retour
L’escalier de glace
La neige et le vent
Je reste loin, loin de toi
La fille de l’île
De tes yeux plus brillants que la lune
Blanche-blanche-blanche
De ton sel d’Atlantique que j’oublie
Ne jamais plus revenir
Dors malgré tous les courants
La fille de l’île
Ton prénom, ton odeur, tout disparaît
Ta silhouette s’efface
Loin, loin de moi
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3. |
Noctamblues
04:29
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La tête lourde, le corps qui penche
J’avance, il fait froid
Un vieux journal danse dans le vent
Je pense… Je pense…
Je crie
Dans ma tête
Ton nom
Que j’voudrais bien connaître
Tu fais semblant
D’apparaître un instant
La lune est noire, les rues sont vides
Je marche les yeux fermés
Dans une boîte téléphonique
Je cherche… Je cherche…
J’appelle
Des machines somnambules
Qui m’disent ne t’avoir jamais vue
Je fais semblant de les croire
Mais pourtant…
En passant sous un pont de fer
Les insectes m’observent
Mon ombre se glisse et se faufile
Jusqu’à ta fenêtre
Le métal grince
Le bois craque
La peinture s’écaille
La vitre éclate
La nuit s’achève
L’aube viendra-t-elle
Encore une fois
Que les étoiles disparaissent
Cachées par la lumière
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4. |
Dans les yeux
03:14
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J’ai dans les yeux
Un hibou sur une branche qui dort debout
J’ai dans les yeux
De l’herbe folle jusqu’en haut des genoux
J’ai dans les yeux
Des nuages pleins de pluie et de la boue
J’ai dans les yeux…
Une grande forêt
T’as dans les yeux
Les p’tits rêves du matin dont tu reviens
T’as dans les yeux
Les belles étincelles d’un feu qui s’éteint
T’as dans les yeux
Un drôle de gars qui ne s’aperçoit de rien
T’as dans les yeux…
Un voyage loin
J’ai dans les yeux
La nuit d’hier et son grand travail fou
T’as dans les yeux
L’ histoire que tu promènes un peu partout
J’ai dans les yeux
Une image étrange dont je cherche le goût
Y a dans nos yeux
Quelques secrets
T’as dans les yeux
Un sac à dos pour aller n’importe où
J’ai dans les yeux
Ton regard qui ne me dit pas encore tout
T’as dans les yeux
Mon regard qui te demande
Tu t’en vas où?
Dans les yeux…
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5. |
Mésaventures amoureuses
02:57
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Quand Marie-France m’a regardé
De ces p’tits yeux comme des noisettes
Je suis tombé de ma bicyclette
J’étais bouche bée
M’étant fendu la poire en deux
Je fus la proie de drôles de troubles
Je la voyais maintenant en double
Tant mieux
Quand j’ai rencontré Isabelle
Avec ses tresses comme des soleils
Je n’ai pas vu la grosse abeille
J’étais tout miel
La bourdonnante rapplique dare-dare
Et prend mon citron pour une ruche
J’avais le pif comme une baudruche
Trop tard
Tu es belle
Comme un ver de terre d’automne
Comme un céleri, une pomme
Comme un chou-fleur dans la mer
Une paire de bottes d’hiver
Un bisou d’ours polaire
Quelques arpents de Voltaire
Un ver dans une pomme d’un pré vert
Et quand je vis Catherine
Avec son sourire de printemps
Un poteau m’a pété les dents
Sonnez les matines
La commotion a fait effet
Me voyant tomber comme une mouche
Un vagabond me fait le bouche-à-bouche
Qu’est-ce qu’elle me plaît
Mais celle qui m’a le plus frappé… c’est Annabelle
De son pare-chocs hypermammouth
Avec elle ce fut la déroute
J’étais au ciel
À un feu rouge se poudrant le nez
Je lui crie «Passe-moi sur le corps»
Mais ce n’était qu’une métaphore
Je peux pas la blâmer
Je me souviens de Gwendoline
Avec son allure de panthère
Je me suis retrouvé six pieds sous terre
Ce fut le spleen
Jeune infirmière en formation
Elle était tout à fait comme moi
Elle s’enfargea devant mon émoi
Dans l’appareil de réanimation
Tu es belle
Comme une crêpe Suzette
Comme une narine
Une omelette
Comme une litière de chameau
Un bouquet de fleurs sans pot
Un spaghetti à l’eau
Un radis vu de dos
Un dandy en radeau
Un asticot
Un mot
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6. |
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Le joggeur de l'apocalypse laisse derrière son passage
Des empreintes fumantes dans l'béton fondu des trottoirs
Ses semelles de fer claquent comme celles d'un cheval
Aussi lourd qu'une montagne, aussi pesant qu'un regret
Courrez tous aux abris, ça sent la fin du monde
Le joggeur de l'apocalypse passe dans ta rue
En faisant trembler les gouttières, se tordent les lampadaires
Les devantures lustrées des magasins éclatent
En mâchoires de vitre brisée comme des brochets enragés
Courrez tous aux abris, ça sent la fin du monde
Il écoute du Wagner et du GodSpeed You! Black Emperor
Sur un gramophone monté dans un engin à vapeur
Qui crache la boucane du charbon de sa chaudière
Dans le ciel étonné qui se couvre de poussière
Courrez tous aux abris, ça sent la fin du monde
Le joggeur de l'Apocalypse a les yeux bandés
Par un lambeau arraché dans un pavillon noir
Il quitte la route pour descendre vers la forêt
Embrasée aussitôt par son haleine incendiaire
Courrez tous aux abris, ça sent la fin du monde
Le joggeur de l’Apocalypse s’est fait dépasser
Par une joggeuse rousse dans un sillon de fumée
La fin des temps devra attendre un moment
Que le diable les rattrape, mais en attendant
Sortez tous des abris, ça sent la fin d'l'histoire
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7. |
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Il y a longtemps
Il y a très longtemps
Des lustres
Des centaines d’années lumineuses
Il y a, aujourd’hui, exactement
Beaucoup, beaucoup de temps
Quand un astre fracasse une planète
Je suis tombé du firmament
Pourquoi m’as-tu donné
À ce monde qui a peur de moi?
Pourquoi?
Je ne sais pas
Tu ne sais plus, toi non plus
Bienvenue chez moi
Bienvenue dans mon jardin
Dans mon grand jardin de rien
De rien et d‘encore moins que ça
Une histoire comme une comète
Avec une queue, mais sans tête
Une histoire qui n’est pas nette
Une affaire qui ne rime pas
J’inventerai en guise de refrain
Un air qui soulève les feuilles
Et les histoires sans lendemain
Quand un astre fracasse une planète
Je trouverai en cours de chemin
Un air louche qui me va bien
Me va comme un gant
De cambrioleur
Je suis un imposteur
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8. |
Baie-Saint-Paul-Paris
05:44
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Enfermés dans une carcasse de tôle
On roule dans la douleur
C’est dur à croire, c’est sûr
Qu’est-ce qui fait rugir le moteur?
Ça fait trois jours, au moins
Qu’il n’y a plus d’essence
Qu’est-ce qui fait rugir le moteur?
Jusqu’où allons-nous aller?
Dans la nuit qui tombe
Et pourquoi y aller?
Qu’est-ce qui fait rugir le moteur?
Trois jours
Au moins
Dans la paume d’un géant
Sur la route de Baie-Saint-Paul-Paris
C’est un drôle d’endroit
Pour être en vie
Et quand le jour se lève
Et que tu m’apparais
Tu es là
Enfin
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9. |
Très tard
00:43
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J’écris
Très tard
Dans la nuit
J’ai pris
Du retard
Dans ma vie
Mais pourquoi m’en ferais-je?
Pourquoi m’en ferais-je?
Je mets mon pyjama pis je m’en vais sans donner d’avis
Vous trouverez des papiers éparpillés dans mon lit
Parti pour un autre monde
Sur mon étoile vagabonde
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François Désaulniers Trois Rivières, Québec
François Désaulniers est un auteur-compositeur-interprète issu du monde de la littérature et du théâtre. En solo ou avec une solide équipe de musiciens, il partage son univers singulier où se mêlent humour, poésie et rêverie mélancolique. Sur scène, sa présence sans artifices, sa voix chaleureuse et sa guitare folk Indie mettent en lumière la richesse cinématographique de ses textes. ... more
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